dimanche 28 juin 2015

Chronos

La quiétude de l’automne fin novembre deux mille quatorze, dans le rucher « historique » de la Rillonnière . A l’arrière plan le vert des hectares de colza qui souligne d’emblée que les butineuses n’auront pas beaucoup de chemin à parcourir pour la miellée de printemps. C’est le moment propice pour désherber les ruchers, nettoyer et inventorier le matériel, livrer le miel pour soulager les premiers rhumes. Le nettoyage des hausses attendra le froid de l’hiver car la propolis est alors plus cassante que collante.


Tellement attendu l’Hiver que les souris ont largement investi les empilements de hausses sous la grange, pour se protéger des courants d’air qui déplaisent tant à la teigne, grignoter la cire et commettre mille forfaits, pendant que les chats de la maison se prélassaient auprès du poêle. C’est décidé, il y aura une miellerie à la Rillonnière ! Et surtout un endroit clos pour protéger les hausses à l’automne et en début d’hiver, et puis ceci, et encore cela !

Certes, mais d’abord il faut finir de chauler les murs de la grange et braver l’inconfort des barreaux du troisième pan de l’échelle en alu.

Rallonger un peu la chape existante, parce que sinon les maturateurs de 1000 kg de miel (!) ne rentreront pas.

Et quand on ne sait pas faire du béton, on triche un peu avec le volume des parpaings de 20

Cet hiver, pas significativement froid mais qui n’en finit pas, ne nous permet pas de vérifier dans les ruches si tout se passe bien. Fin février 2015, nous devons nous contenter d’observer les premières tentatives de récoltes de pollen sur les toutes premières fleurs disponibles pour envisager que la ponte des reines a repris.

Après des semaines d’esquisses et d’atermoiement, il faut bien commencer les travaux. Et pour commencer des travaux il n’y a rien de mieux que de faire appel à cousin Grégoire, parrain de la colonie Cyprès qui fait la grappe à quelques encablures de la grange. En bricoleur averti, niveau laser en main, emprunté à un ami qui a gagné un pot de miel d’acacia mais qui, comme nous tous au demeurant, l’ignore encore, puisque nous ne l’avons pas récolté,  le niveau des muralières est vite déterminé. La pose des madriers, c’est une autre histoire : une demi-journée pour cinq trous. Les murs d’une ferme de quelques siècles savent se faire respecter et nous apprennent ce qui relève vraiment  de  « la construction durable ».

Une fois les madriers scellés, bastaings et chevrons vont rapidement dessiner les contours de la miellerie, bien évidemment déjà trop petite.
 Pendant ce temps, à la moitié de mars, les colzas dans les brumes tiédies relèvent déjà la tête.




L’indispensable Grégoire met en place le réseau électrique (et plus tard la plomberie).


 Les portes, suspendues aux serre-joints, nous indiquent qu’une miellerie se doit d’être étanche aux abeilles et le chemin qu’il reste à parcourir pour que l’objectif soit atteint.


Un chemin semé d’embuches

Besoin de ragréage avec des creux de 2 centimètre et demi à rattraper.

Besoin de lumière naturelle apportée avec diligence par notre couvreur et néanmoins apiculteur Noel Valibus.

 Par chance, début avril, les premières inflorescences de colza nous montrent que le printemps à quinze jours de retard par rapport à la saison 2014.
  Quinze jours représentent un peu plus de temps pour le travail de plaquiste (approximativement).



 Ceci n’est pas une photographie floue. C’est la preuve que nous travaillons aussi vite que possible pour conserver du temps disponible pour nos abeilles dans les ruchers.

12 avril :  le printemps, enfin.


20 avril : une reine éclot

27 avril : La vie continue. Un des rares essaims de l’année à porter un nom, de plante, ou plus exactement de plant : Cabernet sur son cep éponyme.


Mobilisant toute nos ressources, même sous les déguisements les plus improbables, pendant que le rodéo continu dans les ruchers.




On peut distinguer ici quatre des huit grappes d’abeilles présentes chez Lulu ce cinq mai 2015, dignes représentantes de la fratrie de Big Mama et bien évidemment perchées à cinq mètres de hauteur (seule une grappe, particulièrement rétive, abandonnera son perchoir à dix mètres et le rucher)


La pièce chaude, ragréée. C’est ici que seront stockées les hausses récoltées avant extraction.


Le calepinage du carrelage : quel joli terme pour une prise de tête.


Trop tard. Non promis là,  ce n’est pas nous mais les enfants.


Le miel de printemps n’attend pas.


Carrelage


Encore du carrelage





La deuxième couche de peinture attendra. Pour une fois qu’il y a un peu d’acacia.
Un peu tôt ma fille Clémence pour le V de la victoire, mais c’est un bon début, après tout ce temps à courir.